Le masquage sonore, une technologie qui permet d’améliorer indirectement l’isolation acoustique des murs-rideaux dans les bâtiments de bureaux
Les murs-rideaux sont des éléments architecturaux largement répandus pour les façades d’immeubles commerciaux et résidentiels. Cette technologie permet de construire une façade entièrement vitrée, ce qui représente la grande majorité des immeubles modernes. Le vitrage étant quasi systématiquement la faiblesse acoustique principale d’une façade, une façade entièrement vitrée a souvent un niveau d’isolation insuffisant et peut induire une gêne pour les occupants dans leur environnement de travail.
Nos nombreuses observations dans les édifices à bureaux nous montrent que des travailleurs situés à proximité des murs-rideaux peuvent être dérangés par les bruits provenant de l’extérieur du bâtiment ou même par les sons qui se propagent facilement des collègues situés dans les bureaux mitoyens.
Suivant notre expérience en tant qu'experts en acoustique, quelques techniques architecturales permettent de réduire la nuisance, mais ces traitements acoustiques peuvent être très coûteux ou difficilement réalisables a posteriori (après réalisation de la façade, en guise de traitement d’un problème déjà existant). Ainsi, nous voyons de plus en plus d'applications où l’usage du masquage sonore permet de réduire les dérangements sonores liés au manque d’isolation acoustique des murs-rideaux.

En quoi les murs-rideaux peuvent être source de bruit gênant pour les travailleurs dans les espaces de bureaux
Dérangement produit par les bruits extérieurs
La majorité du mur-rideau est composé de verre double avec une cavité d’air entre les deux verres. Cela constitue un système masse-ressort-masse, les masses étant représentées par les deux verres et le ressort par la cavité d’air. Ce système possède une résonance acoustique qui amplifie les ondes sonores à la fréquence de résonance, plutôt que de l’atténuer. Le niveau d’isolation des sons à cette fréquence est donc plus faible. Dans certains cas, même si un son neutre et large bande est émis à l’extérieur, les travailleurs situés près des murs-rideaux vont avoir l’impression qu’il y a une note de musique qui est émise à cette fréquence de résonance.
De plus, les évènements bruyants provenant de l’extérieur sont souvent aléatoires et variables au cours d’une journée et en fonction de la localisation. Par exemple, pour un édifice situé près d’une intersection importante, on va noter des niveaux de bruit variables lorsque les véhicules circulent ou sont à l’arrêt à un feu de circulation, ou encore lorsqu’un klaxon est actionné. Quand on parle de dérangement en acoustique, il ne faut pas uniquement s’attarder à l'intensité des bruits, mais également à la variation des événements au cours du temps. Le fait qu’un bruit survienne subitement va porter notre attention sur cet évènement et nous déranger dans nos occupations. Sachant qu’une personne en état de concentration total mettra environ 30 minutes à revenir à son état de concentration après avoir été dérangée, les nuisances extérieures dues aux murs-rideaux peuvent affecter considérablement la productivité des occupants à l’intérieur.
Dérangement des discussions provenant de bureaux mitoyens le long des murs-rideaux.
Une deuxième source de dérangement est basée sur les faiblesses d'isolation acoustique entre les bureaux mitoyens qui sont collés sur des murs-rideaux. En fait, même si les murs mitoyens ont une haute isolation et sont construits de dalle de sol à dalle de plafond, les limitations d’isolation sonore proviennent majoritairement du bruit de flanquement qui permet une transmission du bruit à travers le mur-rideau, principalement au niveau des meneaux de fenêtres. Certains traitements acoustiques sur le meneau séparant les bureaux permettent une réduction du bruit latéral, mais ces traitements acoustiques sont généralement complexes et coûteux. De plus, ils sont plutôt difficiles à réaliser en guise de correctif, après que la construction ait été réalisée.
Ainsi, le fait que du bruit se transmette par flanquement entre les bureaux mitoyens va rendre les discussions des voisins de bureaux audibles, même si des portes acoustiques sont installées et que les cloisons ont un très bon niveau d’isolement acoustique.
Dans ces cas précis, on note souvent que le bruit de fond à l’intérieur des espaces sont souvent très faibles, les espaces sont donc majoritairement trop calmes et permettent facilement aux intrusions sonores de perturber la concentration et favoriser les dérangements des travailleurs.
Pourquoi le masquage sonore aide à réduire les nuisances sonores en lien avec les murs-rideaux?
Le masquage sonore est une solution acoustique éprouvée partout à travers le monde pour combattre les espaces trop calmes en générant une ambiance sonore feutrée, neutre et uniforme dans les espaces de bureaux à aire ouverte ou dans les bureaux fermés. Les niveaux de masquage générés sont de faibles amplitudes et viennent envelopper doucement l’espace de travail. Le son (souvent appelée bruit blanc, bruit rose ou même bruit vert) est généré par un réseau de haut-parleurs répartis uniformément autour des espaces de travail pour une propagation homogène du son.
Pour les travailleurs situés à proximité des murs rideaux, le masquage sonore aura deux effets significatifs.
Effet 1 : réduire les bruits variables provenant des perturbations extérieures
Le fait de rehausser l’ambiance sonore à proximité des bureaux va limiter l’émergence des distractions extérieures. On parle d’émergence lorsqu’un son se distingue d’un autre. Dans des espaces de bureaux trop calmes, la majorité des dérangements provenant de l’extérieur ont un potentiel de distraction pour les travailleurs à proximité de ces fenêtres. Dans le cas des travailleurs étant enveloppés dans un environnement de masquage sonore, plusieurs évènements ne seront tout simplement plus émergents et vont permettre au cerveau de ne pas subir de dérangement en provenance de la circulation de voiture et des coups de klaxon.
Effet 2: Diminuer l’intelligibilité des discussions provenant des bureaux voisins, et, par conséquent, réhausser considérablement la confidentialité des discussions.
Pour les espaces de bureaux fermés, des classes de confidentialité reconnues, nommées Speech Privacy Class (SPC), sont spécifiés par la norme ASTM E2638-10 intitulée "Standard Test Method for Objective Measurement of the Speech Privacy Provided by a Closed Room". On retrouve des indicateurs équivalents dans BREEAM ou encore WELL, avec le SPP (Speech Privacy Potential).
Il y a deux facteurs qui doivent être considérés pour augmenter la confidentialité de la parole dans des espaces de bureau fermés. Le premier facteur est le niveau d’insonorisation et nous avons constaté dans cette situation que ce critère est limité par le bruit de flanquement du mur-rideau. Donc, il est difficile ou coûteux d’intervenir sur ce paramètre.
Le deuxième facteur est lié à l’ambiance sonore. En gros, plus un environnement est calme, plus les intrusions des bruits et de la parole vont être faciles et intelligibles dans cet espace de travail. C’est là où l’utilisation du masquage sonore va venir couvrir une portion des paroles intelligibles dans les espaces de bureaux situés près des murs-rideaux. Cette intervention est possible au moment de la conception des espaces où s'installe facilement en correctif suivant les travaux.
Conclusion : Le masquage sonore permet de corriger les faiblesses d'insonorisation des murs-rideaux.
Les systèmes de masquage sonore sont reconnus comme solution efficace et rentable pour améliorer le confort sonore et la confidentialité des espaces de bureaux en général. Cet article s’intéresse plus spécifiquement aux avantages de ce type de système, où le masquage sonore permet de corriger des faiblesses acoustiques pour les occupants travaillant dans des espaces fermés ou ouverts à proximité des murs-rideaux.